Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     FEU1          FEU2     
FEW III focus
FEU, subst. masc.
[T-L : feu ; GDC : fou ; AND : feu1 ; DÉCT : feu ; FEW III, 651b : focus]

A. -

"Feu" : Par saincte marie la belle Il nya ne feu ne fouaille. (Myst. st Martin K., a.1500, 306).

 

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Feu de vigile. "Feu destiné à durer toute la nuit" d'où "Très grand feu" (?) : Adonc les tirans vont querir du charbon, et dit Fieramont en le mettant dessoubz le gril : FIERAMORT. Veez en cy de bel et de bon, Je le vueil getter la dessoubz. Avant ! avant ! soufflons trestous, Faison ung grant feu de vigille. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 246).

 

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Feu gregois. V. gregois "Feu grégeois"

 

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Fourchette à feu. V. fourchette

 

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Lance de feu. V. lance "Torche servant à allumer un canon"

 

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Mettre (un lieu) à feu et à sang. "Ravager, détruire complètement" : Je vueil que tout, comment qu'il aille, Y soit mené devant Orleans, Que je vueil raser leur muraille, Ville mectre a feu et a sang. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 208). Tout mettrons a feu et a sang, Car c'est tout ce que je desire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 145).

 

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Desfier qqn à feu et à sang. "Menacer d'une guerre sans merci" : Deffie [eulx] a feu et a sang De part moy, et ne reste tant Que n'aye faicte la deffiance. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 95).

 

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Desfier qqn de feu et de sang : Il vous deffy par vostre nom, Richart, le seignieur de Menton, De feu, de saing et d'aultre bien, Le sire de cyans et le syens. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 97).

B. -

Feu d'enfer. "Feu où sont tourmentées les âmes des damnés" : Ahay, Jhesu Crist, trop est fort ; Contre toy ne vault nul effort. Tu m'as trop lourdement coyssy. Je suis tout roups et tout froyssy. Je ne puis aler ne venir, De male mort me fault mourir. Ou feu d'enfer m'en fault aler. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 132).

 

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Feu et flamme/flambe : MARIE à Judas. Tu as vendu par avarice Mon filz sans pechier et sans vice, Et sans aucung villain diffame, Dont tu en as et feu et flame (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 223). ASTAROTH fine : Puis que le maistre Lucifer Le veult, soufflon trestous ensemble Et luy faison et feu et flambe (Myst. st Laur. S.W., 1499, 277).

C. -

RELIG. Langue de feu. V. langue "Manifestation théophanique de la descente de l'Esprit-Saint sur les Apôtres le jour de la Pentecôte"

D. -

[Dans une formule d'imprécation]

 

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Mal feu : Que du mal feu souy tu brulé, Orde villain detestable. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 16). Le mal feu d'enfer mes mains ardes, Se de les forgier suis courroussade ! (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 103).

 

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Le feu de saint Antoine. "La grangrène" : Sçavoir fais, de par mon seignieur, Que chescum se prende bien garde : Le feu de sainct Anthoyne l'arde, Qui me buta de l'aygue au vin ! (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 174). Le feu saint Anthoyne vous arde Le bec que si affillé l'avés. Alés vous fere chivauchier, Faulce putaim malereuse. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 123).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach


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